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Préma III

 

Maria Casarés Artizans

 

PREMA III
Leçon de chose et d'êtres à dominer
D'aprés Richard III de Shakespeare

Texte d'Elie Briceno sur une idée originale de Kristian Fréderic
Mise en scène Kristian Frédéric
Distribution en cours

Produit par la Cie Artizans et la Cie Lézards Qui Bougent Les hauts de Bayonne
Coproduit par le théâtre Georges Leygues de Villeneuve-sur-Lot

Calendrier souhaité
Résidences d'écritures en 2012 (2 pèriodes minimum de 15 jours)
Résidence de lecture avec les comèdiens en 2012 (1 pèriode de 7 jours)
Résidence de création en 2013 (1 pèriode de 45 jours)
Tournée envisagée chez les différents partenaires à la suite de la création

 

Dans sa lettre au Général Franco, Fernando Arrabal posait cette question : Et si l’histoire
donnait des signes pour mieux la comprendre? Bien entendu, de nombreux signes ont
traversé nos histoires, de nombreux charniers et souffrances ont ponctué nos siècles sans
jamais apporter à notre monde un recul nécessaire qui puisse le faire grandir vers une vision
humaniste de notre société. Il a toujours été question de domination et d’un monde où les
profits sont les maîtres mots de nos rêves. Les mécanismes se sont à jamais répétés,
comme si nous étions amnésiques à jamais. Et quand la mémoire semble présente, c’est
souvent pour mieux instrumentaliser nos souvenirs pour conquérir à nouveau. Ce que
dénonçait en leur temps Euripide, Sophocle, Racine, Shakespeare et bien d’autres à travers
leurs oeuvres, n’a jamais cessé de hanter nos nuits.
Richard III vient de perdre la bataille, il se retrouve seul avec son valet Catesby dans le
charnier. De sa défaite, il fera une victoire, une grande victoire. Il profitera de ce néant laissé
par sa dictature, pour offrir au peuple un nouveau rêve, pour à nouveau asseoir son pouvoir ;
mais cette fois en créant une république. Il fera oublié au peuple le passé en l’assumant
comme une erreur intègre. En le revendiquant comme une leçon qui permettra d’envisager
demain, de rêver demain.
Richard accepte l’héritage de ses pères, il apprend à travers les voix de Mitterrand, Ben
Gourion, Léon Blum, Mandela et Obama ; mais pour mieux arriver à ses fins. Pourtant la nuit,
Richard III fait des cauchemars, il est hanté par sa difformité, son nanisme et cette
condescendance qui en découle. Il bâtira une nouvelle cité Richard Ville où la normalité
affichée sera celle de son handicap. Il le sait, il peut gagner.
Seule rescapée d’un monde ancien, Lady-Ann gardera la mémoire. Porteuse de cette
histoire qui donne des signes, elle se dressera contre cette amnésie générale. Mais la
victoire annoncée de Richard incarnera pour elle le désespoir absolu, l’annonce d’un monde
où plus une once d’humanité n’est possible.
Alors de ses souffrances naîtra un nouvel être, un animal, une inhumaine. Elle s’est damnée
au nom du peuple, elle s’est donné toute entière au peuple, le peuple la trahit, il paiera. Elle
décide de répondre au terrorisme par le terrorisme. Elle s’appliquera de l’intérieur à faire en
sorte que cette démocratie de pacotille redevienne une dictature sanguinaire. Elle deviendra
la première dame de Richard, invitera l’ennemi dans son ventre ; pour mieux pouvoir le
combattre. La colère de Médée inondera cette nouvelle république.

Note d’intention :
Vivre son premier exil, l’abandon d’un ventre à cinq mois et demi
C’est trop tôt, beaucoup trop tôt
Ce n’est pas encore l’heure, Richard est déjà là, il regarde le monde.
Et le monde ne lui ressemble pas, pas encore.
Richard est un nain
Arrivé trop tôt, trop vite, pas fini.


Jusqu’à ce jour j’ai toujours refusé dans mon travail d’auteur, de metteur en scène, de formateur, de
traiter la question de la difformité et de l’handicap.
Tout simplement parce qu’elle me touche de trop près. J’ai toujours eu peur de tomber dans le piège
de l’individualisme, de l’histoire trop personnelle, de l’histoire de l’intime qui pour moi ne fait pas
oeuvre.
Il n’y a création que lorsque, par le biais du travail d’écriture, l’histoire individuelle devient universelle.
Je suis, comme Richard III, né à cinq mois et demi. Bien sûr la pièce de Shakespeare ne se résume
pas à une histoire d’handicap ou de difformité. La difformité est une image du monde, elle nous
renvoie à une difformité sociale, politique.
Elle rend l’individuel universel.
J’ai toujours eu le sentiment que si un jour je me sentais prêt à traiter ce sujet c’est par le prisme de
cette pièce que je le ferai.


C’est Kristian Fredic directeur artistique auteur metteur en scène de la compagnie Lézards Qui
Bougent, qui m’a proposé un Richard III à trois personnages (un nain, un géant, une comédienne),
nous avons décidé de travailler à deux dès la phase d’écriture, outre l’envie que nous avions depuis
longtemps de travailler ensemble, c’était pour moi une garantie supplémentaire de ne pas tomber
dans le piège de l’histoire individuelle.
Une garantie supplémentaire d’universalité.
Nous sommes dans le charnier de la défaite de Richard.
Sa dictature est tombée.
Trois survivants: Richard, Katesby, Lady Ann.
Nous vivons dans la tête de Richard.


Richard homme public, Richard tribun, mais aussi Richard difforme hanté par ses cauchemars.
Nous assisterons tout au long de la pièce à la résurrection d’un cadavre politique.
Comment l’ancien dictateur déchu va t-il devenir un président élu au suffrage universel avec
l’assentiment de tout un peuple ?
Comment Richard va t-il convaincre, celle dont il a tué le mari, dont il a tué les enfants, de devenir sa
première dame ?

On peut légitimement se demander dans quelle mesure la difformité de Richard jouera un rôle dans
son ascension au pouvoir ?
La dictature de la différence est acceptable parce qu’elle est bienveillante, chrétienne.
Ce qui est intéressant c’est d’essayer de comprendre comment une différence physique portée par
celui qui a le pouvoir réinscrit le possible dans une société où plus rien ne semble possible
Chaque citoyen puisera l’espoir au coeur de l’handicap visible
La difformité à un effet cathartique
Si Richard, le nain, incarne le pouvoir, les impossibles de chacun deviennent possibles
L’espoir devient alors palpable.
La voilà la vraie prise de pouvoir: rendre l’espoir crédible.
Ecrire aujourd’hui à partir du texte de Shakespeare un texte contemporain c’est mettre à jour les
mécaniques du pouvoir c’est dévêtir les concepts (démocratie-dictature), de leurs apparats en se
demandant qu’est ce que ces mots signifient aujourd’hui.
Comment faire en sorte que chaque citoyen reprenne confiance en sa parole ?
Que chaque citoyen fasse de son acte de vote un acte de sens.

 

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