logotype

Jean-Claude Laval

 

JC Laval

 

TERRITOIRES/MÉMOIRES/FICTIONS Une coopération artistique : régions Laval et Midi-Pyrénées Une action pluriannuelle mise en oeuvre par : Et Qui Libre / Marionnettissimo (Tournefeuille, France) Théâtre Incliné (Laval, Québec)

« Dans un local de répétition, on enferme trois artistes français et trois artistes québécois pendant huit jours. On leur donne à manger des textes inspirés de Laval et de la France, et des marionnettes qui ne se connaissent pas…et on brasse le tout.
Leur mission ? Inventer ensemble des courtes formes marionnettiques dans un état d’urgence.
Pourquoi ? Pour rencontrer l’univers artistique de l’autre. Règles du jeu ? Chaque participant doit “ diriger ” la création d’une courte forme inspirée du texte qu’il a choisi. Chaque artiste aura une journée complète pour monter sa courte forme. Les autres seront alors “ à son service ” pendant cette journée là : ils peuvent être appelés à jouer, chanter, manipuler, dire un texte, manipuler de l’éclairage, faire de la musique ou des bruits de bouche pour aider à la création de la courte forme de la journée ».
José Babin (Théâtre Incliné)

Lors de résidences croisés en Midi-Pyrénées et au Québec, Marilyn Perrault et Elie Bricéno ont été écrit des textes ensuite communiqués aux six marionnettistes, comédiens et circassiens qui se sont retrouvés à Laval (Québec) lors de la Rencontre Théâtre Ados.

Extraits des textes d’Elie Bricéno (écrits au Québec)


Jean Claude est devenu un homme maison
Jean-Claude est seul au milieu de nulle part
Sur le dos, il porte sa croix
Au creux de sa main un trou
Il fait beau aujourd’hui sauf sur Jean-Claude
Sur sa tête, il pleut, un nuage déluge sur lui
Le divin se liquéfie
L’eau ça fait gonfler le bois
Jean-Claude se sent seul au monde
Comme nu dans les douches d’une prison sous les yeux tatoués, affamés du
maître des lieux
Le bois bandé de sa croix gonfle et pénètre Jean-Claude jusque dans sa
bouche
Son corps est bois, sa langue est de bois
Il ne peut plus parler, il n’a plus de langue
La question qui se pose c’est plutôt
A-t-il déjà eu une langue ?


Jean-Claude au centre commercial
Jean-Claude est le créateur du ciel, de la terre et de toutes les choses visibles
et invisibles
Essayons avec Dieu
Dieu est le créateur du ciel, de la terre et de toutes les choses visibles et
invisibles
Tout de suite ça marche mieux
Entre la manipulation populaire et la manipulation divine la frontière est ténue
Jésus est crédible
Jean-Claude est ridicule
Jean-Claude personne ne le voit, pourtant il tend la main.

 

 

 

Les éditos d'Elie Briceno pour le théâtre de l'Alizé, dessins de Douzou

 

Edito 2012

 

Non, il n'est pas trop tard



Je plaide coupable !
Oui, j’ai usé du verbe pour provoquer une émotion
Le spectateur a été ému
Il a eu peur, soudain il a eu le trac
Le trac d’être vivant
Je suis accusé d’avoir utilisé la terreur
pour arriver à mes fins politiques
Dialoguer
Terroriste émotionnel
Je plaide coupable !
Accordez-moi les circonstances atténuantes
J’ai cru que l’émotion c’était inné,
que ça faisait partie de la nature de l’homme
J’ai fait faux
Aujourd’hui l’émotion c’est culturel, ca s’acquiert
Je vois des bouches tomber la peau des mots
Le sens des mots reste dans les bouches
Je vois des bouches tomber la peau des mots
Comment dire ?
Dans la bouche s’additionnent les couches de peau
Dans ta bouche s’arment les mots non dits
Tu ne dis plus, tu n’y crois plus
Quelqu’un parle pour toi
Quelqu’un y croit pour toi
Tu ne décides plus, tu avais besoin de quelqu’un
De ta bouche tombent les goupilles
Dans ta bouche les grenades sont restées
Attention ! Il va parler
La derrière la porte c’est un théâtre, lieu d’émotions autorisé
Pousse la porte !
Parle ! Je t’écoute
Je suis innocent, je veux juste dialoguer
Non ! Il n’est pas trop tard
Je t’écoute…

Elie Briceno

 

 

 

Edito 2011

 

Equarissage pour tous ou pour chacun



J’ai mal à la gauche que tu m’as laissée en héritage papa !
Parce que j’ai mal à l’espérance que tu m’as léguée
L’idée d’une certaine noblesse populaire
L’idée que la culture nous tire vers le haut
L’idée d’une culture qui nous libère du ghetto de notre classe sociale
« Élitisme pour tous » disait Jean Vilar
L’équarrisseur, c’est celui qui fait métier de tuer, d’écorcher la bête
Cette bête culture que vous tuez
Cette bête culture que vous écorchez dans une volonté de séduction
purement électoraliste, en encouragent l’amalgame
entre exigence et élitisme, entre populaire et populisme

Mesdames et Messieurs les équarrisseurs
En tuant cette bête culture c’est l’avenir que vous condamnez,
c’est la jeunesse que vous exécutez
Lorsque les MJC (Maison des Jeunes et de la Culture)
deviennent Maison des Jeunes et de la Censure
Bien sûr personne ne touche à la liberté d’expression, au contraire,
c’est l’envie du jeune qui prime, l’envie du spectateur,
c’est donc la mort annoncée de la découverte
En effet comment peut-on avoir envie de ce que l’on ne connaît pas ?

Mesdames et Messieurs les équarrisseurs
Vous excellez dans l’art de la mise en place d’un intégrisme culturel
avec notre consentement
Le divertissement devient alors notre burka occidentale
Le divertissement, c’est la certitude de l’oubli de soi
dans la consommation immédiate

Mesdames et Messieurs les équarrisseurs
Vous avez un autre talent : celui de faire de certaines expressions,
comme « théâtre contemporain » par exemple, l’ennemi du peuple
Cet ennemi contre lequel évidemment vous avez l’antidote,
le contre-poison du théâtre contemporain, de la création contemporaine,
c’est le régionalisme populiste
L’art de l’entre soi, la promotion d’une culture consanguine qui définit
les limites du territoire de la compréhension de chacun

Mesdames et Messieurs les équarrisseurs
Ces limites nourriront très vite le terreau des extrêmes
qui nous conduira vers la peur de l’autre,
l’autre que l’on définira comme étant l’étranger de son territoire

Mesdames et Messieurs les équarrisseurs
Ce qui défini une politique, c’est la gestion à long terme du vivre ensemble
Ce n’est certainement pas l’organisation du chacun pour soi
Que faut-il faire pour espérer encore ?
Faudra-t-il aller jusqu’à l’extrême ?
Potentiellement, nous sommes tous des Tunisiens
Nous sommes tous des Égyptiens
Devrons-nous aller jusqu’à nous immoler
pour espérer que de nos cendres renaisse le phoenix
ou sommes-nous en droit d’espérer parce que nous sommes français
citoyens d’un pays démocratique, berceau des droits de l’homme,
un projet politique culturel et social plutôt qu’un projet politique
basé sur la volonté électoraliste d’un seul homme
qu’il soit Maire ou Président.

Elie Briceno

 

 

 

Edito 2010

 

J’ai toujours eu peur des marionnettes




« Ce spectacle est formidable mais il ne correspond pas à mon public. »

Combien de fois ai-je entendu cette phrase ?
Je ne peux pas m’empêcher de réagir violemment,
c’est plus fort que moi
Je passe donc pour un auteur intello qui refuse de se mettre
« au niveau du public »
C’est vrai je refuse, c’est pour moi une question de respect
Respect du public d’abord, respect de mon travail ensuite

Certains programmateurs bien intentionnés se réservent le droit
de définir jusqu’où leur public est en capacité de ressentir une émotion
Ces mêmes programmateurs s’arrogent le droit de définir jusqu’où
leur public est en capacité de comprendre

Rassurez-vous !
Les programmateurs sont des gens compétents, ils ne définissent pas
vos limites de façon totalement subjective, ils s’appuient sur des théories
sociologiques fondées sur des critères très précis, votre origine sociale
par exemple ainsi que celle des citoyens vivant sur le territoire

Fort de ces informations, le programmateur établira une programmation
«au niveau de son public » qu’il labellisera « populaire »

Effectivement je refuse, je m’insurge contre cette façon de faire
que je trouve prétentieuse, discriminante, ghettoïsante

’ai comme un arrière-goût de clous dans la bouche
De ces clous qui traversent les planches pour condamner les portes en période de peste
Il faut éviter la contagion

La quête de sens est élitiste
Peste soit du sens
Peste soit d’une culture exigeante qui nous élève, qui nous permet de nous dépasser

Je connais la réalité économique d’une programmation, je sais que la survie d’un lieu
de spectacle est assujettie à la fidélisation d’un public, à l’augmentation régulière
de sa fréquentation

Certes, ces réalités sont à intégrer mais elles n’excluent en rien le fait que le devoir
d’un lieu, c’est d’offrir au public l’opportunité de découvrir ce qu’il ne connaît pas
Le devoir d’un lieu c’est d’accompagner le public à dépasser sa peur, à voyager
dans l’exigence de l’inconnu
Le public n’appartient à personne, le public n’est pas une marionnette
Ayons la décence de lui faire confiance

Elie Briceno

 

 

Rictus, Manifeste pour un état Clownocratique

 

.


Une pièce d’Elie Briceno
Mise en scène de Grégoire Couette
Chorégraphie Annie Bulle
Scénographie David Teysseyre
Lumières Didier Henry
Costumes CARROSSERIE MESNIER
Musique Originale Alain Jamot
Dessins Jeremie Perin

COMEDIENS : Elise CARRION, Corinne CASTICO, Ludivine CHASSARD, Gilles FOURDACHON, Evelyne GUYON, Virgille JACQUOT, Thierry LETOUBLON, Martine NOTARO, Yvette PAGNIER, Samuel PELLEGRINI, Gérard VALETTE



Nous sommes dans une société totalitaire... imaginaire ?
Une société où l’individu n’existe pas. Seule son appartenance au groupe est tolérée. Nous sommes dans une société totalitaire où l’homme a été dépossédé de son humanité, les émotions sont interdites … On en a perdu jusqu’au souvenir. Nous sommes dans une société imaginaire où la communication entre les individus est réduite au minimum, le langage est contrôlé et la mémoire effacée.
Une société composée de deux castes : les « Nous » et « Les gardiens du Non-sens ».
Une société de contrôle absolu Une société, un jour, peut-être. De cette impossible humanité naîtra forcement la rébellion. De la rébellion viendra la résistance. Et de la résistance, l’explosion du système….
« Elle » va découvrir les émotions.
« Elle » fera exploser cette société totalitaire.
« Elle », devenue symbole de la libération, se retrouvera confrontée à la question de savoir si toute liberté ne contient pas en son sein les germes d’une nouvelle dictature.
Enregistré au théâtre de La Luna.